Peu importe le support, pourvu qu’on ait l’ivresse… Les artistes régionaux continuent de se faire entendre ; à nous de les écouter ! Au sommaire : Grindi Manberg, Milamarina et Trent.
Grindi Manberg – Fantsized Lumberton
Grindi Manberg, c’est avant tout très cinématographique. Et pas que pour le
nom …Des ambiances planantes, une sorte d’éléctro pop qui fout le bourdon
mais pas totalement puisqu’on esquisse quelques pas de danse… Alors certes,
c’est pas la joie tout au long des cinq titres du Ep, mais l’espoir semble au
bout, porté par une voix qui nous plonge dans les 80’s avec une reverb bien
brumeuse mais pas trop encombrante. Et puis, la froideur de l’ensemble est
toujours tempérée par un petit quelque chose qui fait qu’on y revient, un peu
comme si nous aussi on cherchait la sortie sans vraiment vouloir la trouver… Bref,
les trois Rémois, soutenus par The Shoes et les Bewitched Hands, livrent un «
Fantasized Lumberton » , très connoté et instruit certes(Cocteau Twins surtout,
mais pas seulement) mais évitant les pièges du simple « revival » sans âme. A
suivre encore plus !
Dark Toaster
NOUVEAU !
Retrouvez en podcast le débat autour de cette chronique sur Radio Primitive – PODCAST
« Pull » Milamarina
S’il y a bien, pour moi, un créneau dur à chroniquer dans la musique
indépendante actuelle, c’est bien le Trip Hop, étiquette finalement assez méconnue
du grand public. Il serait bien plus rapide de vous donner des noms
d’artistes : Emilie Simon, Massive Attack, Portishead ou Bjork, mais cela
serait trop facile. Le trip hop est un style exigeant, autant pour ses artistes
que pour ses auditeurs. Pourtant, loin de la grande distribution qu’est la pop
synthétique, Milamarina intellectualise un univers féerique, synthétique et
d’une beauté littéraire à faire pleurer. Son
univers est puissant et complexe mais il s’écoute avec simplicité :
il suffit de s’asseoir et de déguster… C’est une musique d’un épicurisme total
et de bon goût, nous promenant entre la réflexion poétique et la magie
enfantine d’un voyage d’Alice au pays des Merveilles. C’est beau, doux et
reposant sans verser dans la
mélancolie. Les rythmes et beats électroniques sont plutôt
bien posés donnant de la
dynamique. Rien n’est à regretter de morceaux en morceaux, on
en voudrait toujours plus… Il y a de belles surprises sur cet album commme
« Ohohohooohoh », qui comme son nom ne l’indique pas, prouve que la
frêle petite blonde harpiste excelle dans l’electro pop. Avec cet opus,
Milamarina nous prend et nous sublime, nous rends léger et nous tends une main
tendu pour aller autre part… J’y suis et vous laisse, il fait beau la où
« pull » m’a emmené…
Dove M.L.E.H
« Sur la cime » – Trent
Après un premier EP sorti en 2008, le quintet rémois change de line-up avec
un nouveau batteur et sort de l’ombre en dévoilant « Sur la cime »,
leur nouveau Maxi 6 titres. Résolument plus assagi et mûri que le précédent
opus, Trent nous transporte ici dans un univers pop-rock délibérément soigné et
apaisé. Porté par des textes en français, la langue de Molière fait son effet
et caresse un paysage intimiste alliant l’énergie et la mélancolie sur un ton
sombre, désenchanté (11.04.2004), nostalgique (sur la cime), romantique (décembre, le goût amer de tes
lèvres) et incisif. L’embarquement est immédiat dès le premier titre éponyme de
l’album où l’on se laisse divaguer sur les eaux lascives et plaintives des
premières notes de piano, lever les voiles puis continuer à se laisser
entrainer par la voix et les mots le long du fleuve, se laisser s’emporter par
le vent à l’arrivée des riffs légers de guitares enchantées pour atteindre les
airs, les falaises et finir par sauter et plonger dans un bain de poésie, de
spleen et de volupté. Les ballades langoureuses et les titres un peu plus
rythmés scandés dans un français bien ciselé ne sont pas sans rappeler des
groupes tels que Luke, Huck, Axel Bauer, Armand Melies ou Radiosofa,… qu’il ne
suffit pas non seulement d’écouter sur CD mais également de découvrir sur scène
pour se laisser transcender.
Matt
