Artistes : Tendinite

Quel est le point commun entre un batteur de rock et un joueur de tennis professionnel ? Ok, ok… Si cette accroche fumeuse a autant de chance de faire rire qu’un titre du groupe Tendinite n’en a d’être diffusé sur un média mainstream, c’est parce que le combo rémois entretient la flamme d’un rock fièrement indépendant, âpre et sans concession. Rencontre avec des passionnés qui font une musique que les gens de moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre…

 

Un petit coup d’œil dans le rétro pour présenter Tendinite à ceux qui ne connaissent pas ?

T. : Tendinite c’est 3 trentenaires avancés qui partagent des goûts musicaux pour les mouvances noise / garage / punk, et le trash métal produit entre juin 85 et novembre 89. Le groupe a été créé début 2016, à Reims, en format guitare/chant (Nico) basse (Michel) batterie (Momo, puis Ben). On se croisait dans des concerts DIY à Reims, on a commencé à répéter à l’écluse en 2016, puis à la Maison de Quartier Turenne, puis à la Cartonnerie, et maintenant … euh nulle part… Pour faire court, on joue du rock bien énergique. Pour faire plus long, on essaie de faire du garage-punk un peu « déviant », intégrant des éléments de noise-rock, de surf music et de boogie-woogie, dans des proportions variées en fonction des morceaux. On a sorti un premier EP en 2018, puis un 7 pouces en 2019. Le premier album, «Neither/nor » vient de sortir. Le tout est écoutable et téléchargeable gratuitement sur Bandcamp.

Dans quelles conditions a été composé et enregistré cet album ?

T. : L’album a été enregistré « à la maison » entre l’été 2019 et le printemps 2020. On a juste loué la « room » d’un studio professionnel, Le chalet, et on y a posé notre matériel afin de faire les prises de batterie et de basse, de profiter du son de la pièce et de pouvoir faire plein de bruit… J’ai fait les prises de guitares et de chant dans mon grenier et mixé l’album dans mon salon. C’était un objectif dès le début du groupe d’en faire un maximum nous-même comme nous l’avions aussi fait avec les deux premiers EP. On délègue juste le mastering à chaque fois à Ben Courribet et c’est Val L’enclume ce coup-ci qui a réalisé l’artwork de l’album. C’est un choix à la fois « éthique » afin d’en faire le plus possible nous-même, et financier car ça coûte bien moins cher. Par contre, le processus est clairement plus long que de passer par un vrai studio car on fait ça quand on a le temps !

Est-ce que le Covid a eu un impact sur la date de sortie de cet album ? On pense à l’impossibilité de le présenter en live évidemment…


T. : La Covid a eu relativement peu d’impact sur la date de sortie du disque. A la base, on comptait le sortir vers Septembre/Octobre 2020, mais on n’était de toute façon pas réellement prêts. On a laissé traîner un peu les choses, et les délais de pressages étant conséquents, cela nous a amené au 10 Février. La seule contrainte que l’on s’est imposée était de coordonner la sortie du support physique (Vinyle) et la sortie numérique.
L’impossibilité de jouer live est forcément un souci, mais on n’est sûrement pas les plus à plaindre. On tourne habituellement assez peu, même si ce n’est pas l’envie qui manque. Par contre, ne pas pouvoir faire de release-party et quelques dates à l’extérieur de Reims est super frustrant. Après, c’est un premier album, qui est l’aboutissement des 5 premières années du groupe. Certains morceaux ont 4 ans, ils ont été joués de nombreuses fois en concert et on voulait sortir ce disque, afin de marquer le coup symboliquement, comme une permission de passer à autre chose. Si cela avait été un deuxième album, composé de morceaux jamais, ou peu, joués en live, je pense que notre réaction aurait été différente. On aurait alors décalé la sortie à une date ultérieure.

Pas moins de 4 structures sont « associées » pour la sortie de cet album. Pouvez-vous nous en parler ?

T. : Là encore, c’est assez artisanal, le principe de la coproduction étant que chacun va mette ce qu’il veut /peut dans la sortie et reçoive des disques en proportion. On le sort sur Araki Records et Poutrage Records, deux labels basés à Reims et tenus par des copains activistes de la petite scène noise rock rémoise. Ils travaillent régulièrement ensemble sur des coproductions. Ils nous ont vu en concert au début du projet et ont tous les deux aidés à la sortie de nos deux premiers EP. C’était assez naturel de continuer avec eux. On a cherché à élargir un peu le réseau et on a trouvé un label à Annecy (Hell Vice I Vicious) qui était intéressé par le disque. Le Quatrième label (Fuck a Duck) est en fait une « structure fantôme », un nom que j’utilise pour sortir les disques sur lesquels je joue et dans lesquels on met forcément un peu d’argent. C’est une sorte de running-gag qui dure depuis 12 ans maintenant. La sortie numérique (plateformes digitales, ventes en ligne) est quant à elle assurée par Atypeek diffusion.

On a l’impression que la famille du rock indépendant en région se réduit petit à petit, alors qu’elle n’était déjà pas immense… Est-ce qu’il y a des groupes dont vous vous sentez proche en Champagne Ardenne ? En Grand Est ?

T. : C’est parque le rock est une musique de vieux cons grincheux, qui ne fait plus rêver la jeunesse, il faut se faire une raison ! Plus sérieusement, nous n’avons pas assez joué en région pour nouer des liens avec d’autres groupes. Pour autant, il y a une belle scène à Reims avec des groupes comme Biche, Harpon, Isaac, Rhume Carabiné, Barbara Stridente, SxTxO, Mort Lente, Petit Chacal, les potes de Poutrage/Araki et j’en passe… Des personnes qui organisent sur leur temps libre des concerts, sortent des disques et qui font vivre cette scène. Depuis l’expulsion de l’Écluse, il y a clairement un vide à Reims pour tous ceux qui souhaitent proposer des choses alternatives. Il manque un lieu complémentaire, qui ne soit ni commercial ni institutionnel, pour qu’une réelle scène indépendante existe ; pour fédérer les initiatives, créer une dynamique, des passerelles. L’écluse remplissait bien ce rôle, et c’est un réel gâchis que ce lieu n’ai pas pu perdurer. Et ce n’est pas la fermeture de l’Excalibur, puis de l’Appart Café qui vont améliorer la dynamique de la « scène indépendante » locale.

La sortie d’un album est toujours une étape importante pour un groupe. Vous avez déjà pensé à la suite ?

T. : On aimerait grandement faire quelques dates dès que la situation sanitaire le permettra, pourquoi pas faire une petite tournée si possible. Mais on sent déjà que ce sera l’embouteillage à ce moment-là ; tous les groupes qui n’ont pas pu tourner et qui ont sorti un disque voudront se rattraper. C’est compréhensible ! Sinon, on a quelques nouveaux morceaux déjà finalisés, d’autres sous forme d’ébauches. On aurait aimé ne pas trop traîner pour commencer à travailler sur le prochain disque, mais là encore, il faut prendre son mal en patience. Après, il faut relativiser, c’est juste une passion, qui plus est de vieux cons grincheux… On n’a pas de deadline, pas de pression, personne ne nous attend vraiment au tournant. On fait juste ça pour l’amour du wok’n’woll !

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