Artiste : Dirty Raven

Deux ans après leur dernier EP, les rémois de Dirty Raven remettent le couvert avec un album-concept apocalyptique, plus réfléchi, plus sombre et explorant de nouvelles contrées musicales jusque là jamais abordées par le groupe.

Quelle est l’histoire de Dirty Raven ?

Bernard (nAn) : Dirty Raven est né en 2013, nous sommes trois dans le groupe : David à la batterie, Clément à la basse et j’assure le chant et la guitare. Je suis à l’origine du projet mais c’est Clément qui m’a motivé pour monter le groupe. En effet, chacun de notre côté, nos groupes respectifs de l’époque (Panda et OrganicSpirit pour moi et Ashes to Dust pour Clément et David) battaient de l’aile. À l’époque, j’avais plus envie de composer dans mon coin. Clément est venu me chercher. Et puis ça faisait longtemps qu’on voulait jouer ensemble. Donc, on s’est dit : « faisons du Rock » car je crois qu’on en avait un peu assez de faire du ”gros metal”. Donc il nous restait juste à trouver le batteur. C’est Clément encore une fois qui m’a proposé qu’on recrute David, à l’origine guitariste. Et tout s’est accéléré et on ne s’est plus jamais quittés !

Est-ce qu’il y a une histoire derrière le nom du groupe ?

Clément : Plusieurs même ! Nous voulions un nom de groupe simple, efficace, évoquant plusieurs domaines que nous pensions représentatifs de notre musique : Notamment un son “crade”, des ambiances parfois sombres et planantes à la fois. L’idée du corbeau, parfois consideré oiseau de mauvais augure, parfois simplement messager, mais également symbole de sagesse, est apparu assez vite comme un symbole fort de ces idées. C’est également un animal assez représentatif de nos contrées… Et la dernière histoire, et non des moindres… le “corbeau sale” était une créature imaginaire terrifiante apparaissant dans un de mes cauchemars enfantins récurrents !

 

C’est déjà votre troisième EP, vous avez voulu évoluer vers quelque chose de plus sombre ?

Dirty Raven : Oui, complètement ! On a voulu exploiter des nouvelles sonorités en commençant par une base rythmique plus lourde et plus lente. Surtout que Clément a pris du galon dans sa position de bassiste en proposant encore plus des lignes flirtant entre le rôle de bassiste et de guitariste : ça s’entend énormément sur des titres comme Desert of Champagne ou Hell on Heels. David, a pris aussi en maturité à la batterie et il peut offrir un jeu plus précis et plus groovy. Quant à la guitare, nAn (Bernard) travaille de plus en plus sur des effets divers : Flanger, Chorus, Delay,… Il y a parfois même un côté un peu Dark Wave à la guitare, notamment sur les titres U.F.O et Hypocrisy. D’où le côté plus sombre. À la voix, nAn s’est aussi beaucoup plus éclaté qu’auparavant, en proposant tout un panel de nuances : ça peut aller du chant énergique, en passant par la voix sensuelle, tout en faisant gratter un peu les cordes vocales façon Rock de Seattle. Tu ajoutes à ça des gros riffs Fuzz bien soutenus, bien crades et tu obtiens un EP sombre, lourd et bien gras.

Avec Rust for Blue, vous faites le récit d’un “potentiel futur dystopique” pour l’humanité. Vous pouvez nous en dire plus ?

Bernard : En fait, je voulais vraiment écrire autre chose que des petites histoires personnelles ou sociales comme j’avais l’habitude de faire, car je pense avoir fait le tour de la question pour l’instant à travers nos anciens titres. Et comme je suis le grand fan de cinéma, de littérature et de pop culture, je souhaitais vraiment exprimer cet amour pour la culture à travers nos musiques. Avec le groupe, nous parlons souvent d’avenir en se questionnant pas mal sur ce qu’on va laisser à nos enfants. Le récit de science-fiction dystopique étant le plus causant, je me suis imaginé tout un récit anthologique sur plusieurs siècles mais en en faisant une lecture « déchronologique » (à l’envers).

Ainsi, l’anthologie débutera vers les années 2400 avec un couple de nomades, à la recherche d’une ancienne terre qui serait fertile et qu’on appellerait la « Champagne ». Puis s’en suivra l’histoire d’une chasseuse de prime en plein XXIIIe siècle, dans un monde dominé par le désert et le crime, mais qui réussira tout de même à tomber amoureuse d’un utopiste. Le récit se poursuivra vers le XXIIe siècle, où même des êtres venus d’ailleurs seront découragés par cette Terre détruite à petit feu. Ensuite, ce sera l’histoire de l’Homme de 2050 épuisant toutes ses réserves énergétiques et nourricières, creusant encore plus les inégalités, tout en étant confronté aux catastrophes naturelles et technologiques. Enfin, l’aventure de Rust for Blue se terminera sur l’Homme hypocrite du début au début XXIe siècle qui tourne en rond.

Pensez-vous que la musique puisse encore aider à changer le monde?

Bernard : Sincèrement, je ne crois pas, ou en tout cas, pas à une grande échelle. Je pense qu’aujourd’hui la musique, le cinéma ou bien encore la littérature ont tendance à être pris plus comme des objets de consommation : on écoute, puis on passe à autre chose. Donc, c’est difficile de dire que la musique peut changer les choses quand on ne prend pas vraiment le temps d’analyser les choses, de comprendre ou de digérer ce qu’on voit ou entend. Bon certains le font, mais ça reste anecdotique.

Puis, je ne crois pas que ce soit le rôle de la musique de changer les choses, c’est aux gens de changer les choses. Nous, en tant que « créateurs » de musiques, nous ne sommes que des messagers ; nous alertons en proposant des thèmes, des réalités ou des fictions se reflétant à la réalité. Après, ce sont aux sociétés de débattre, de se bouger ou non !

Par contre la musique rassemble, et ça, c’est déjà une grande victoire ! Regarde l’explosion du nombre de Festivals dans le monde. Et ça c’est vraiment génial, de voir tout ce monde multicolore, multi-musical, … Je dirais surtout que la musique a un autre combat à mener : l’éclectisme face au purisme ! Il faut arrêter de reproduire le délire communautaire de nos sociétés avec la musique du genre, « moi j’écoute un style ou le même groupe depuis 20 ans et le reste je m’en fiche… ». Et ça, c’est un truc qui reste à bosser en France par exemple !

Pourquoi avoir décidé d’utiliser le financement participatif ?

Dirty Raven : C’est David qui a eu l’idée de lancer le projet Ulule. En gros, on s’est posés, on s’est demandé ce qu’on voulait faire pour ce troisième EP. La réponse était simple : passer à la vitesse supérieure, et, donc investir plus. Il est vrai qu’on a toujours eu la chance d’être bénéficiaires de nos investissements : ventes sur les CD, merchandising, cachets des concerts,.. Mais pour le troisième EP, on avait de nouveaux partenaires en commençant par notre agence de presse Dooweet, puis l’enregistrement dans un « vrai » studio d’enregistrement (au Chalet à Reims), avec des pros derrières : Sylvain Masure qui a fait un travail de malade et Jérémy Hartmann qui lui a prêté main forte. Puis le Mastering avec un grand monsieur : Magnus Lindberg, batteur de Cult Of Luna et gros producteur de Rock/Metal. Donc, tout ça demande pas mal d’argent. Puis, on s’est dit que c’était surtout une façon de faire un système de pré-commande pour nos fans avec des tarifs avantageux. Et autant dire que le projet a cartonné, puisqu’on a dépassé la somme demandée. D’ailleurs, on voulait encore remercier tous nos fans et contributeurs pour cette participation en masse !

Comment s’est passée l’interaction avec les contributeurs ?

Bernard : Super bien et super vite. En fait, on a mené tout ce travail préparatoire depuis un an. Je suis rentré en contact avec Dooweet pendant l’été 2017 et c’est là où tout le travail pour Rust for Blue a commencé. Depuis, on s’écrit constamment : genre deux, trois fois par semaine ; c’est un vrai travail collaboratif ! Avec Sylvain Masure, on se connaissait depuis très longtemps et quand on a appris qu’il se remettait à l’enregistrement et au mixage, on a sauté sur l’occasion. Tout simplement parce qu’on a les mêmes sensibilités musicales. Donc autant te dire que l’enregistrement a été un vrai délice : une semaine de travail intensif et productif entouré par une équipe au top. Je pense à Jérémy Hartman qui a secondé Sylvain : ce fut un super moment. Puis avec Magnus Lindberg, c’est justement un de mes meilleurs amis et ancien guitariste de Panda, Dimitri Denat (guitariste de Lost In Kiev) qui m’a invité à le contacter. La collaboration a été très naturelle et agréable, car encore une fois, ce mec est juste génial pour comprendre ce que tu veux !

Dirty Raven : Puis concernant nos fans et contributeurs qui ont vraiment pris un rôle de « co-producteurs », tout s’est super bien passé. On communiquait souvent avec eux, soit de manière personnelle, soit de manière collective. C’était vraiment génial car on prenait enfin le temps de discuter plus sincèrement avec notre public. Les choses bougent tellement vite qu’on se retrouve à courir partout. Là, c’était vraiment cool de découvrir les retours des fans, amis et familles. C’est à ce moment qu’on s’est rendu compte qu’on avait un public soudé et fier de notre parcours. Du coup, ça nous a donné envie de donner encore plus de notre musique en faisant les choses bien !

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