Adhérent : Sapristi + Flap + CSC Andre Dhôtel

C’est un beau projet de coopération entre adhérents du Polca qui voit le jour : la mise à disposition d’un salarié pour créer puis diffuser un agenda commun des organisateurs de concerts dans les Ardennes. Interview des 3 principales structures qui ont rendu ce projet possible : Sapristi, le CSC André Dhôtel et Flap.

Vous partagez les services d’un chargé d’animation et de diffusion de la communication. Comment est né ce projet ?

Christophe (CSC Dhôtel): ce projet est né d’un besoin de mieux communiquer collectivement sur les manifestations organisées sur le territoire ardennais, mais aussi de mutualiser des moyens pour répondre à ces besoins…

David (Sapristi!!): Nous avons tous beaucoup de mal à communiquer comme il le faudrait faute de temps et de moyens, aucune structure dans le département n’a de chargé de communication. Ce poste était évoqué depuis des années, la mutualisation était une solution autant obligatoire que cohérente et certainement dans le futur, la source de plus de collaboration.

Jean (FlaP): Lors de nos échanges réguliers entre organisateurs ardennais, nous regrettions également l’absence d’un support de communication pour annoncer les concerts. Nous avions beaucoup de mal à être relayé dans les médias traditionnels et on constatait tous de nombreuses difficultés à mobiliser des moyens humains et financiers sur la communication des concerts. L’idée a donc germé qu’en se mutualisant on pourrait non seulement régler un problème commun mais aussi améliorer l’attractivité culturelle de notre département. Ce n’est pas une idée révolutionnaire, juste du bon sens.

Christophe Milhau – CSC André Dhôtel

Comment la fiche de poste et les missions ont été définies ?

Christophe : C’était une réflexion et une réponse en phase avec nos attentes.

David : ll était aussi impératif que ce poste soit à la fois utile aux 3 structures et aux autres diffuseurs du département mais aussi formateur pour Jérémy, la personne qui a finelemnt été recrutée.

Jean : Pour y arriver, il a fallu examiner les attentes des structures réunies autour de la table et les confronter à la réalité budgétaire ! Pour cette première année, nous nous sommes entendus pour que cette fiche de poste puisse être modifiée en fin d’année. On reste quand même sur une expérimentation.

Est-ce que la mise en place a été simple ?

David : Ce fut loin d’être simple : une embauche en juin 2017 puis un licenciement en juillet 2018 pour cause de fin des emplois aidés. En 2018, ca n’a pas été beaucoup plus facile et sans le POLCA, nous n’y serions pas parvenus.

Jean : Disons que le calendrier politique est venu télescoper le nôtre avec la refonte des emplois aidés, conséquence des dernières élections présidentielles. L’annonce soudaine de l’arrêt des dispositifs d’emplois aidés durant l’été 2017 a laissé les administrations dans le flou et a nous a ralenti dans la mise en place du projet. On a perdu un an, les acteurs étaient prêts, la convention également et le salarié recruté. Aujourd’hui tout est en place mais ce fut quand même parfois un peu kafkaïen.

Christophe : Mais une fois les péripéties de l’administration dépassée, et ce fût à retardement, les choses se sont mises en place, heureusement, avec un timing qui ne nous a pas posé de problèmes au regard de nos calendriers. L’idée était de pouvoir agir ensemble sur ce début de saison 2018-2019.

 

David Manceaux – Sapristi!!

 

Comment les autres structures sont-elles impliquées dans ce projet ?

Christophe : Avec un accord de principe des plus petites associations, les 3 principales structures de diffusion du territoire se sont rapidement mises d’accord. Puis, cela a été validé par les différentes instances de décisions associatives.

David : Comme il y avait une vraie carence sur ce sujet, ca s’est fait naturellement. Même si on se rencontre et on se parle entre organisateurs, il n’existait aucune expression tangible de toutes ces collaborations pour le grand public. Plus ou moins volontairement, cela nous oblige aussi à se tenir au courant de ce que tout le monde entreprend et, par-delà, à commencer à avoir une vision d’ensemble sur Ardenne Métropole et le département. Et la solidarité a toujours été une valeur fondatrice et constructive des Musiques Actuelles.

Jean : Oui, tout a été simple dans un premier temps entre acteurs et personnes impliqués. Puis chaque Conseil d’Administration a validé le dispositif. Une convention entre chaque partie vient fixer les règles du jeu.

Est-ce qu’il y a déjà des pistes pour pérenniser ce poste ?

Christophe : Pas à ma connaissance. Du côté du Centre Social et Culturel Dhôtel, nous savons que les moyens ne sont pas là, d’où cette idée de mutualisation du poste. Et nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve…

Jean : On va déjà mener cette 1ère année à son terme. C’est évident que nous ne souhaitons pas nous contenter d’un « oneshot ». Mais l’avenir de ce poste est aussi lié à la bonne santé des structures ardennaises qui co-financent le dispositif. Le secteur des musiques actuelles dans ce département reste un secteur précaire. Les succès du Cabaret Vert et d’autres événements ne doivent pas masquer une réalité économique fragile qui s’appuie bien souvent sur un investissement important des adhérents. Tout cela peut s’écrouler du jour au lendemain si on réduit les quelques soutiens financiers qui subsistent.

David : Dans le cadre de la préfiguration de SMAC (Salle de Musiques ACtuelles) ou de structure équivalente, ce serait politiquement un signe fort et logique de pérenniser ce poste. D’autant que nous en parlions déjà en 2014 !

 

Jean Perrissin – FlaP

 

Quelle est la situation des organisateurs de concerts dans les Ardennes ?

Christophe : Pour notre part, nous organisons ou accueillons 6 ou 7 concerts par an (le lieu étant pluridisciplinaire). Les budgets sont régulièrement rediscutés pour éviter des baisses, s’agissant des aides à la diffusion. Nos partenaires nous comprennent mais la situation économique du territoire nous ramène vite à une réalité relativement brutale. C’est dommage, quant il s’agit de parler de développement. La structuration et l’aide au fonctionnement sont les points qui sembleraient pouvoir être améliorés. Des équipements existent mais il faut les faire fonctionner, assurer la maintenance, et les valoriser au travers des actions menées. C’est de plus en plus problématique… La mutualisation de moyens est une forme de réponse des associations mais nous savons qu’elle est limitée dans le temps.

Jean : Les organisateurs dans les Ardennes sont très majoritairement des bénévoles. On compte très peu de professionnels. De plus le public des concerts de musiques actuelles essentiellement jeune ou étudiant a quand même tendance à quitter le territoire faute de travail ou de possibilité pour poursuivre ses études. On se retrouve bien souvent avec un calendrier de concerts ramassé sur les week-ends. Il faut donc échanger entre nous, éviter au maximum les doublons sur les dates, faire cohabiter des programmations. Ajoutons à cela un très fort taux d’autofinancement des organisateurs, qui rendent les concerts très dépendants des recettes de buvette et de billetterie, sur un territoire avec peu de pouvoir d’achats. Bref, ce tissu culturel tient grâce à un engagement remarquable et à une grande solidarité des organisateurs. Ceci mérite sans doute un peu de plus de considération des partenaires publics, et on y travaille bien entendu.

David : Les organisateurs Ardennais sont à une très grande majorité des structures menées par des bénévoles, et pour ce quiconcerne Sapristi!!, sont majoritairement des professionnels qui travaillent dans le secteur musical, c’est-à-dire des femmes et des hommes qui ont en fait de la musique leur métier mais souvent en dehors du département…Paradoxal, non ? La passion reste le maître mot mais elle ne peut tenir pendant des années. La disparition de nombreux festivals estivaux ces dernières années en est témoin. Il faut que les décideurs politiques comprennent que la culture est une composante indispensable de la survie de notre territoire. On peut envisager de construire des ponts d’or aux entreprises, si les dirigeants, cadres ou classes moyennes ne veulent pas venir dans les Ardennes, notamment par pénurie d’offres culturelles toute l’année, ces ponts resteront sans voitures ni piétons…

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